La crise sanitaire actuelle impacte la disponibilité des travailleurs, la production et les approvisionnements. Pour y faire face, les entreprises et organisations sont contraintes à réorganiser leurs activités. La raison d’être d’un Plan de continuité d’activité (PCA) – que certaines ont déjà élaboré et mis en œuvre – est précisément d’anticiper ces perturbations et les ajustements qui s’imposent en matière d’organisation de la production et de protection des salariés.

Les grandes étapes d’un Plan de continuité d’activité

L’élaboration d’un Plan de continuité d’activité (PCA) doit notamment permettre d’aborder les points suivants :

  • Mise en place d’une structure de crise
  • Identification des perturbations possibles
  • Identification des postes-clés au maintien de l’activité
  • Anticipation de la réorganisation de la production (télétravail, changements des horaires, des affectations, organisation de la polyvalence…)
  • Identification des mesures d’hygiène, santé, sécurité (mesures de protection et équipement) et de prévention des risques

Pour que les mesures soient adaptées au terrain, le PCA doit autant que possible être conçu en associant les représentants des salariés et en prenant l’avis des travailleurs représentants les postes les plus concernés par la réorganisation de la production. Un PCA n’est pas défini une fois pour toute. A l’épreuve des faits, il est utile de le faire évoluer et d’en partager les nouvelles modalités.

Prévenir le risque sanitaire

La protection des salariés qui restent en activité sur leurs lieux de travail passe par l’application des dispositions de prévention du risque sanitaire. Ce qui nécessite de prévoir dans le PCA les mesures permettant à chacun de mettre en œuvre les gestes barrières au travail qu’il s’agisse de dispositions :

  • matérielles (achat, stockage, mise à disposition des produits d’hygiène)
  • ou organisationnelles (micro-pauses permettant de se laver fréquemment les mains, poursuite de la mise en œuvre des mesures d’hygiène des locaux et des surfaces de travail utilisées, information du personnel…).

La santé au travail au-delà du risque sanitaire

Le fonctionnement en mode dégradé modifie nécessairement les conditions de réalisation du travail et donc les expositions à certains facteurs de risque, ce qui peut se traduire par de la fatigue, ou d’autres troubles. C’est le cas des TMS voire des accidents du travail qui peuvent survenir quand des salariés doivent remplacer des postes vacants ou réaliser des taches nouvelles sans formation suffisante. Prendre en compte les retours d’expérience des premiers jours de travail en mode dégradé est important pour mieux repérer ces difficultés.

La généralisation du télétravail et l’adaptation des pratiques peuvent également occasionner de nouveaux risques pour les travailleurs concernés et générer une éventuelle surcharge d’ordre cognitif ou psychique selon :

  • la nature du travail
  • les moyens à disposition (plus grand recours aux supports dématérialisés, communication à distance, matériel et logiciel disponibles),
  • les régulations collectives mises en place (l’absence de soutien accentuant le sentiment d’isolement, le surcontrôle).

Ces risques nécessitent également d’être identifiés et pris en charge par des mesures de type managériales ou RH.

Pour assurer le maintien de l’activité de l’entreprise en toute sécurité, il est ainsi utile de faire le lien entre les mesures prises dans le cadre du PCA et la démarche de prévention des risques professionnels générale. Et dans ce but de procéder, avec les personnes concernées, à une évaluation des nouveaux risques liés au contexte inédit dans le Document Unique d’Evaluation des Risques (DUER) et à une adaptation des mesures de prévention et de protection qui découlent de l’application du PCA.

Quelques points-clés pour concilier maintien de l’activité et conditions de travail

La réussite d’un Plan de continuité dépend de la qualité des informations transmises au personnel. Il est important que les salariés sachent ce qui est attendu d’eux, qu’ils puissent exprimer sur leur capacité à atteindre leurs objectifs liés à la situation, qu’ils connaissent leur degré d’autonomie et les personnes qui sont chargées de prendre des décisions.

En cas d’une forte hausse de l’absentéisme, la mise en place de la polyvalence et l’exécution de tâches nouvelles pour certains salariés nécessitent au préalable un repérage des compétences et, chaque fois que possible, selon des modalités adaptées, un transfert préalable de connaissances (éventuellement en visioconférence).

Quand cela est possible, tester le PCA et ses évolutions auprès des salariés, y compris en situation réelle, est un bon moyen de construire un plan adapté au terrain.

Un travail de collaboration étroite avec la direction, les services de santé au travail (SST) et les représentants du personnel doit permettre de coordonner les mesures de prévention et de protection, de déterminer quels devront être les équipements de protection à utiliser et de préparer une information efficace du personnel.

De nouvelles modalités d’organisation du travail devront pouvoir être partagées avec les Instances représentatives du personnel (information, consultation, négociation).

Source : Anact

A retenir

  • Quel est l’objectif d’un PCA ?

L’objectif est double : assurer la poursuite des activités tout en préservant la santé des collaborateurs

  • Qu’est-ce qu’un mode dégradé ?

Aucune organisation ne fonctionne exactement selon ce qui est prescrit par l’organisation. Le travail quotidien est soumis à des événements aléatoires tels qu’une rupture d’approvisionnement, un incident technique, une absence de salarié connu au moment de la prise de poste…En cas de crise liée à une pandémie, ces évènements pourraient être multipliés, l’absentéisme devenir massif et encore moins prévisible.

Maintenir les résultats attendus demanderait alors de la part des salariés des capacités d’adaptation mobilisables au moment où surviendraient les événements, lorsqu’il faudrait faire face à une situation inédite parce que jamais vécue.

  • Quelles en sont les conséquences ?

Selon la nature de l’activité, la durée d’absence d’un ou plusieurs salariés, la répartition des compétences indispensables à la continuité des activités essentielles…, la production ou le service peut se trouver réduite, perturbée, voire arrêtée.

Une crise qui s’étale dans le temps a des conséquences économiques et sociales dans l’entreprise mais a aussi des conséquences sur les conditions de travail. En effet, il faudra remplacer les salariés absents en s’appuyant sur la polyvalence des présents.

L’expérience a montré que les compétences et habiletés requises pour tenir des postes peu qualifiés sont souvent sous-estimées. En particulier, lorsqu’il s’agit des postes exposés à des dangers qui ne sont pas toujours évalués et prévenus par l’entreprise. Les salariés expérimentés développent des savoir-faire de prudence qui leur permettent d’éviter les accidents, de se préserver de maladies professionnelles ou encore d’économiser les efforts, de manière à pouvoir tenir.

Lorsqu’un remplaçant arrive, un temps d’apprentissage lui est nécessaire pour arriver à travailler en sécurité. L’urgence véhiculée autour des situations de crise nous amène à considérer que le niveau d’exposition des salariés présents aux accidents, aux maladies du travail risque d’augmenter.

Précisons qu’en situation de crise, le soutien de l’encadrement et du collectif de travail, qu’en temps normal peut-être une ressource pour les salariés, pourrait dans ce contexte faire défaut.

Pour aller plus loin :

Anact

https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/l-actualite-du-ministere/article/coronavirus-questions-reponses-pour-les-entreprises-et-les-salaries

http://www.inrs.fr/actualites/coronavirus-SARS-CoV-2-COVID-19.html