Résultats de l’enquête sur la santé au travail des agriculteurs

En 2022, l’Aract Hauts-de-France a effectué une enquête sur la santé et plus précisément sur la santé mentale des agriculteurs/agricultrices et de leurs salarié.es sur le territoire du Douaisis (Nord).

Deux questionnaires ont été réalisés: un pour les agriculteurs et un pour les salariés. Ils ont été construits à partir des six grandes catégories de facteurs de risques psychosociaux : intensité et temps de travail, exigences émotionnelles, manque d’autonomie, rapports sociaux au travail dégradés, conflits de valeur et insécurité de la situation de travail (Rapport Gollac, 2011).

 

Pour les agriculteurs/agricultrices :

  • 77% estiment que leur travail dégrade leur santé.
  • 87% ont le sentiment que les difficultés du travail impactent leur moral.
  • 77% ressentent des douleurs liées à leur activité.

 

Qui sont les agriculteurs/agricultrices répondants ?

  • Majoritairement des hommes
  • A 65% en grandes cultures et à 20% du maraichage
  • L’agriculture conventionnelle est plus représentée
  • Plus de la moitié des répondants sont installés depuis plus de 10 ans
  • 62% vivent au sein de l’entreprise agricole contre 38% à l’extérieur.

 

1/ Intensité et complexité du travail

Cette catégorie concerne principalement l’organisation du travail : la quantité et la complexité du travail, la pression temporelle et les difficultés de conciliation vie professionnelle et vie personnelle.

Dans l’ensemble les agriculteurs estiment que leur travail nécessite à la fois un niveau élevé de qualification et un apprentissage constant. Ils estiment que leurs activités sont variées et nécessitent d’être polyvalent.

  • 64% des agriculteurs estiment que leur travail exige « toujours » une forte charge mentale.
  • 48,4% sont tout à fait d’accord et 29% sont d’accord pour dire qu’ils sont « constamment pressés » par le temps du fait d’une forte charge de travail.
  • 1 agriculteurs sur 4 estime ne « jamais » ou « rarement » concilier son travail et ses obligations familiales. 68% estiment s’accorder peu de temps libre.

 

2/ Exigences émotionnelles

Cette catégorie concerne les relations difficiles à gérer émotionnellement notamment avec le public.

  • 35% des agriculteurs relèvent se faire agresser « parfois » verbalement. Les agressions physiques restent toutefois « rares ».
  • 56% estiment vivre des tensions avec les riverains et 40% avec les clients

« Il est important de retrouver une communication positive de l’agriculture conventionnelle qui respecte les normes de sécurités environnementales et alimentaires. Il existe plusieurs agricultures qui chacune ont leurs places et sont adaptés aux terroirs de l’agriculteur et à son projet ».

 

3/ Autonomie et marge de manœuvre

Cette catégorie concerne l’autonomie au travail qui désigne la possibilité d’être acteur dans son travail. En partie, les marges de manœuvres permettent d’acquérir cette autonomie. L’autonomie s’est aussi la possibilité d’utiliser et développer ses compétences.

 En grande majorité, les agriculteurs estiment pouvoirs développer leurs compétences professionnelles.

Ils sont par contre mitigés sur l’autonomie qu’ils ont au travail mettant en avant des « pressions administratives » et des « coûts de charge » en augmentation. Ce sont, pour eux, des freins à l’autonomie et à leur réalisation dans leur travail.

 

4/ Reconnaissance et valorisation sociale

Cette catégorie concerne la qualité des relations avec son entourage professionnel (collègues, pairs, salariés,…), mais aussi les questions de reconnaissance du travail.

En majorité, les agriculteurs estiment :

  • Que leur travail n’est pas socialement valorisé ;
  • Ne pas mettre en place des actions de valorisation auprès des consommateurs ;
  • Être impactés par les remarques désagréables.

Les salariés agricoles font le même constat mais sont moins impactés concernant les remarques désagréables.

« L’ensemble du malaise agricole est la conséquence de mauvais prix et de mauvaise valorisation du travail ».

Dans la catégorie de questions concernant les relations agriculteurs/salariés agricoles, nous notons un écart de perception sur la qualité relationnelle. Les salariés agricoles estiment leur relation avec leur employeur moins favorables que ces derniers (sur l’écoute, sur la communication, sur la confiance,…).

5/ Conflits de valeurs

Cette catégorie concerne l’ensemble des conflits intrapsychiques consécutifs à l’écart entre ce qui est exigé au travail et les valeurs professionnelles, sociales ou personnelles.

  • 54,8% des agriculteurs estiment qu’ils font « souvent » des choses avec lesquels ils sont en désaccord.
  • 3 agriculteurs sur 4 estiment ne pas avoir les moyens humains pour faire un travail de qualité.
  • 2/3 des agriculteurs ont le sentiment de faire un travail utile aux autres.

 

6/ Insécurité socio-économique

Cette catégorie concerne l’insécurité socio-économique (peur de perdre son emploi, non maintien du niveau de salaire, contrat de travail précaire) et le risque de changement non maîtrisé de la tâche et des conditions de travail (restructurations, incertitude sur l’avenir de son métier…).

  • Les agriculteurs soulignent une volonté de bien faire sur la gestion financière de l’entreprise mais estiment avoir peu de marges de manœuvres.
  • Dans l’ensemble, ils expriment une inquiétude sur les parcours professionnels et plus particulièrement sur les moyens pour anticiper l’avenir. Peu d’agriculteurs estiment pouvoir réaliser les mêmes efforts jusqu’à leur retraite.
  • Pour les salariés, l’inquiétude pour la sécurité de l’emploi est moindre. Ils rejoignent les agriculteurs sur l’impossibilité pour eux de réaliser les mêmes efforts jusqu’à leur retraite. Les salariés estiment les possibilités d’évolution pauvres au sein de leur entreprise.

« L’avenir de notre filière est en péril et malheureusement la jeune génération aura du mal à prendre notre suite… »

 

De mars à juillet 2022, un échantillon de 50 personnes a répondu aux questionnaires auto administrés en ligne.

Nous notons une surreprésentativité de répondant féminin. Nous faisons l’hypothèse que les femmes, épouses ou autre membre féminin de la famille s’occupe du traitement des mails. Aussi, les salariés ayant peu répondus, nous avons choisi de ne traiter que les données pertinentes.

 

Source : https://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/facteurs-risques.html

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